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Préparation du banquet

Mickaëlle Jean-Pierre

Il nous a été proposé dans le cadre du séminaire médiéval d’effectuer des travaux créatifs que nous devions présenter lors de la séance du 8 mars. Je crois que mes camarades et moi, s’accorderions tous à dire que cela nous a complètement déstabilisés. Depuis que nous sommes à la fac, il ne nous a pas été souvent proposé de faire parler notre imagination et encore moins de donner de notre personne.

Pour ce qui est de ma part, j’ai été tout de suite enchantée par cette idée, même si je ne savais pas trop ce que notre professeur attendait de nous. D’abord intéressée par une représentation qui mettrait en avant l’utilisation du Moyen-âge dans les dessins animés modernes, je me suis mis d’emblée avec une camarade qui voulait aussi se tourner vers ce versant télévisuel. Cependant, dès lors que nous avons été à la recherche d’un corpus, nous avions des difficultés à nous mettre d’accord sur des séries, ou des dessins animés. Plus les séances passaient, plus mes idées se brouillaient, le professeur essayait de nous préciser ce qu’elle attendait de nous, ce fameux investissement personnel. Certains se lançaient dans la cuisine d’autres dans des pièces de théâtres et moi je lisais désespérant la consigne de l’évaluation pour voir si rien ne m’avait échappé et si une idée n’allait pas finir par germer. Heureusement, je finis par me fixer un objectif.



Lors d’une de nos séances, alors que tout le monde pataugeait un peu, Mme Plet nous a parlé d’un banquet médiéval qui avait été organisé par des étudiants d’histoire. C’était donc cela qu’elle attendait ; non pas une séance normale, avec des exposés, tous assis dans notre salle, coincés derrière nos tables, mais quelque chose qui sorte de l’ordinaire. A cette nouvelle, je ne laissais pas le temps à mes camarades de me prendre l’idée : dès qu’on eut une minute je leur proposai de se lancer dans la même aventure : un banquet médiéval. J’avoue, j’ai eu des difficultés à leur faire saisir mon idée, car tout le monde, pensait vraiment à un travail scolaire et fastidieux. Lorsque nous sommes entrés en vacances d’hiver, je me suis enfin décidé à me lancer, surtout que la date approchait. J’ai envoyé les mails à tout mes condisciples ainsi qu’à notre professeur pour leur annoncer que je me faisais organisatrice de l’événement et qu’ils ne devaient se soucier de rien. Je voulais dès lors recenser leurs travaux et m’occuper de tout ce qui était logistique. A ce moment précis, je ne pensais pas que cela demandait une telle masse de travail.

Il fallait que cette séance soit attractive ; l’exigüité de la salle que nous avons ordinairement nous empêchait de se donner à fond, donc il a fallu commencer par là. Nous n’étions en fait qu’à deux semaines de l’événement, je m’y suis prise un peu tard. Pour ce qui est donc de la salle, j’ai été mise en contact avec Mlle Dunoguier, une femme fort sympathique d’ailleurs, qui a pris son temps avec une de ces collègues pour m’aider à trouver une salle assez grande, près d’un point d’eau, et d’une association qui pourrait nous prêter un frigo. Cela nous a bien pris une heure environ, mais nous avons fini par trouver une salle formidable, spacieuse et assez reculée. Une autre de mes taches était donc d’aller à cette association afin de quémander un petit espace réfrigérant ! J’ai tout de suite été reçue par un des responsable M. L… dont je tairai le nom qui était au premier abord ravi et pleinement disposé à nous laisser de la place. J’avais aussi pris contact avec tout mes camarades, qui m’avait dit ce qu’il contait faire exactement afin que j’établisse une liste. Le lendemain au séminaire je donnais toutes ses nouvelles à mes camarades, avec un peu de fierté je dois l’avouer, le travail étant accompli. Je devais les recontacter par mails en ce qui concernait les dernières modalités pour la séance qui devait avoir lieu la semaine prochaine, ainsi que pour l’utilisation du frigidaire.



Raconté ainsi, tout à l’air de se passer à la perfection, mais c’est sans compter les imprévus qui arrivent toujours à la dernière minute. Premièrement, comme je l’ai dit plus haut, je m’étais mise avec une camarade que je n’ai jamais oublié même en faisant tout mes préparatifs. On avait entre temps décidé de passer à autre chose, car selon ce que notre professeur attendait, il me semblait que notre travail ne s’inscrivait pas complètement dans cette logique dynamique. La danse médiévale était donc ce sur quoi nous avions rebondi. Là aussi nous avions des difficultés à nous mettre d’accord, car j’optais pour une représentation uniquement pratique, et elle préférait aussi qu’on y ajoute un versant théorique. J’avoue que ce désaccord a été longtemps pesant, mais nous avons fini par trouver un terrain d’entente le week-end avant la représentation ; je me suis rendu compte que je m’étais engagé vis-à-vis d’elle et que je ne pouvais la laisser tomber. L’autre problème fut bien entendu celui du frigo : toute la semaine, j’ai attendu un mail du club Prométhée pour ce qui était du prêt de ce dernier : et RIEN. Le lundi 7, je m’y suis donc rendu pour savoir si c’était encore possible d’utiliser celui-ci. Ô quel désenchantement, quand j’apprends que finalement ils ont décidé de ne nous accorder qu’un étage, ce n’était pas du tout ce qu’on m’avait proposé, ils auraient pu m’en laisser deux ! En réalité je me faisais du souci pour rien, c’était déjà très aimable à eux de nous le passer, sans contrepartie, nous n’avions qu’à nous organiser un peu différemment. Tout problème a donc sa solution, je devais le vérifier encore une fois.

J’avais pensé la décoration de la salle à la manière de certaine gravure que j’avais pu voir sur internet de banquet médiéval, des tables en formes de U avec à la tête le roi et ses proches. Je voulais donc que la salle ait cette apparence là. L’ayant réservée je pensais pouvoir y aller vers une heure et tout ranger (je me suis fais aider par un ami d’ailleurs pour ce qui est de la préparation de la salle). Cependant je n’avais pas spécifié à Mlle Dunoguier que j’aurais aimé qu’elle soit vide avant notre cours de 15h30. J’ai donc appris la veille qu’un cours s’y déroulait juste avant, mais qu’il finissait à 14h30 ; je devais revoir mes projets et aller plus vite que je ne le pensais. Heureusement, j’avais mon ami.



Je ne serai plus longue et parlerais encore de la logistique. La musique était pour moi un élément essentiel, n’étant pas forcément une fine musicienne, je me suis procuré grâce à internet quelques morceaux que j’ai pu passer à notre séance. Pour ce qui est de la décoration de la salle, les couleurs, le blanc et le marron s’y prêtaient totalement selon moi ; je ne pense pas qu’au moyen âge on drapait les tables de nappes multicolores. Les assiettes en porcelaine de Limoges et les couverts en cristaux m’ont été gracieusement données par Lord Auchan. Cela a été ma dernière péripétie : à 20h la veille de la représentation, je me suis rendu compte que je n’en avais pas et j’ai du aller les acheter.

Ce qui me conduit à ma tenue et donc à mon rôle ce dit jour : ménestrel, j’ai dû trouver une tenue qui s’apparentait un peu avec ce qu’il pouvait porter à l’époque (ma tunique, des collants et des petits chaussons), je crois avoir visé juste. J’ai dû aussi me renseigner sur le rôle véritable du ménestrel, qui anime en quelque sorte ces grands banquets. Il est donc évident que maintenant les ménestrels, troubadours et trouvères n’ont plus de mystère pour moi.

Pour finir, j’ai été heureuse de voir que cela a pu aider tout le monde que je m’occupe de ces choses, que ce soit Mélina qui ne pouvait pas être présente ce jour là, mais aussi ceux qui avaient leurs travaux à terminer pour les présenter, cela leur a enlevé un poids. J’ai beaucoup apprécié ce rôle dans lequel j’ai pu m’investir à fond. On ne pouvait bien sûr faire plus grand sans budget véritable mais je pense que cela a été une bonne expérience pour nous tous.

Mickaëlle Jean-Pierre

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