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Aux Mille et Une sources

Mélina Lheritier


Mon travail créatif :
Un livre hybride,
Une histoire :
Au royaume des
Mille et Une sources

Alors que je me demande comment caractériser mon travail (est-ce une BD, un roman-photos, un roman-collages...?) ; le commentaire d'un ami me revient à l'esprit :
«C'est marrant, tes dessins, tes collages, on dirait un livre pour enfants ; mais tes photos lui donnent quelque chose de plus... je sais pas...»



LA FORME

Le livre est constitué de feuilles de dessin A4 pliées en deux et se caractérise par la diversité des matériaux utilisés (et utiles-usés?), puisque de nombreux collages se déploient sur ses pages: photocopies de cartes à jouer, dessins à l'encre de chine, morceaux de bois, épines, pâte à modeler spéciale, papier hygiénique, photos...

C'est un livre hybride, comme le monde médiéval tel qu'on aime à se le représenter: un patchwork d'images foisonnantes, un univers fictif peuplé de créatures merveilleuses et de chevaliers, où notre âme d'enfant nous pousse à nous réfugier, fuyant le monde réel pour un monde magique en accord avec ses désirs. La richesse des images associées au monde médiéval justifie la diversité des matériaux qui cohabitent, comme coexistent les différentes sources, les légendes médiévales que notre imagination aime à mêler.
Mieux qu'avec le dessin, je voulais pouvoir donner corps au décor et à l'histoire.

Le chevalier, évoluant dans la forêt, rencontre des personnages créés avec des éléments végétaux. Ensuite, à l'issue de sa quête, lorsque son identité lui est révélée (il n'est plus le chevalier chéri de la princesse, mais le chevalier Pécu), il change non seulement de nom, mais de corps, puisque je le représente avec une feuille de papier hygiénique... Cependant, le choix du matériau obéit surtout à ma fantaisie...

L'HISTOIRE

Il s'agit d'une quête farfelue. Comme une blague carnavalesque qui tourne en dérision les valeurs chevaleresques: dans un monde désillusionné qu'ils perçoivent comme absurde, le roi Bithure et sa fille, désabusés, ont abandonné les valeurs et n'attendent rien que la satisfaction de leurs désirs.
Seul le chevalier croit encore à la chevalerie, mais celle-ci, dénaturée, prend plutôt les traits d'une prétention individuelle: il a refusé le bonheur simple que lui proposaient les représentants du corps populaire, pour restituer un autre ordre de valeurs. Et il semble en avoir été puni-puisqu'il est ramené au bas corporel (j'avais pensé utiliser l'épisode du Torche-cul, chez Rabelais).

L'HISTOIRE D'AMOUR

En fait, avant le récit d'une quête saugrenue, c'est d'abord l'histoire d'amour que j'ai voulu développer: le déséquilibre entre un amour passionné ( la princesse ne rêve que d'une vie simple et de s'épanouir dans son nid d'amour), et un amour plus raisonné, plus limité, puisqu'il accepte d'obéir aux règles assignées par la société (le chevalier veut faire ses preuves)...
Ce qui m'intéressait, c'est la tension entre différentes conceptions de l'amour.
Les histoires d'Erec et Enide / de Tristan et Iseut.
L'amour en accord avec la société; ou l'amour passion qui se vit en marge...
La fée qui séquestre l'amant.



UNE UNITE: LE JEU

Parmi tous les éléments que j'ai utilisés, il en est un qui domine: les cartes à jouer. J'ai utilisé les cartes de trois jeux différents: Il était une fois, Elixir, Les Contrées Fabuleuses (qui ne sont pas des jeux de rôle, mais des jeux de société qui se plaisent à convoquer l'univers médiéval).
Dès la « première de couverture », une carte présente l'histoire du livre comme le fruit d'un jeu... Puis, les cartes vont ponctuer mon livre: pour présenter les personnages, introduire le héros dans des lieux, (elles servent à évoluer sur la carte géographique)...
Le chevalier est lui même présenté comme le héros d'un jeu: il est en aventure, le roi lui dit que s'il est bloqué, il n'aura qu'à lancer les dés … Et le dénouement nous est présenté par...une carte à jouer!
Ce chevalier joue à être chevalier.
Dommage qu'on n'y croie plus...
L'absurdité du monde moderne s'est insinuée dans mon histoire.

Il faudra se réfugier ailleurs,
dans des jeux, des histoires.

« C'est marrant, tes dessins, tes collages, on dirait un livre pour enfants... »

Mélina Lheritier

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Les images sont extraites de différents recueils médiévaux ; elles ont été modifiées pour la mise en ligne.
Arrière-plan : images (modifiées) extraites du volume Horae ad usum Parisiensem [Heures de René d'Anjou, roi de Sicile (1434-1480)] - le consulter sur gallica.bnf.fr
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